Agriculture et croissance inclusive
©IFAD/ Guy Stubbs

ACTION POLITIQUE

Agriculture et croissance inclusive

Pour réaliser le second Objectif de développement durable (ODD) — éradiquer la pauvreté, garantir la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition — dans les pays ACP, il y a lieu de transformer en profondeur les systèmes agroalimentaires de ces pays. Le 8 juillet 2016, un panel de haut niveau, réuni en Papouasie-Nouvelle-Guinée à l’initiative du Secrétariat ACP et du CTA, s’est ainsi penché sur le rôle de l’agriculture pour la croissance inclusive et la réalisation des ODD. Ce panel a conclu qu’il était essentiel d’investir dans le secteur agroalimentaire tout au long de la chaîne de valeur pour que l’agriculture des pays ACP devienne compétitive sur les marchés et économiquement durable.

Les experts réunis à l’occasion de cet événement ont déclaré que la durabilité et l’accessibilité financière futures des produits alimentaires devaient être une priorité pour les secteurs public et privé des pays ACP. Selon les prévisions, en 2050, il faudra nourrir 9 milliards d’êtres humains, dont beaucoup vivront dans des pays en développement qui doivent déjà faire face à des pénuries de main-d’œuvre, des risques liés au changement climatique, des mutations démographiques et l’exode des zones rurales. Michael Hailu, directeur du CTA, estime que, s’agissant des pays ACP en particulier, il « faudra faire de l’agriculture un secteur rentable pour qu’il devienne un réel moteur pour la croissance. »

L’agriculture au cœur du développement durable

Le groupe des pays ACP — 79 pays répartis sur trois continents — représente une part importante des pays en développement pour lesquels l’agriculture fait partie du tissu social et constitue une source clé d’emplois et d’aliments nutritifs. Malgré l’importance de ce secteur, les systèmes agroalimentaires des pays ACP se heurtent à un manque d’investissements, à des infrastructures peu développées, à un accès limité aux ressources technologiques abordables et autres intrants, à la vulnérabilité au changement climatique et à une forte exposition aux fluctuations des prix des produits de base, puisqu’ils dépendent des exportations de biens et produits peu valorisés.

Ces problématiques relèvent directement de l’ODD 2 dont les cinq cibles se concentrent sur l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et l’agriculture. La productivité agricole, le bien-être des petits producteurs (en particulier les femmes, les populations locales, les exploitants familiaux, les éleveurs et les pêcheurs), le partage des connaissances, l’accès sûr et équitable aux ressources foncières, aux intrants, aux services financiers et aux marchés sont tous inclus dans ce deuxième ODD. D’autres ODD sont axés sur d’autres aspects majeurs relatifs à l’alimentation et à l’agriculture, par exemple, le renforcement de pouvoir des femmes, les pertes post-récolte, l’accès aux terres et la réglementation de la pêche.

Transformer l’agriculture: un impératif à notre portée

« L’agriculture est un secteur clé pour la plupart des pays ACP, en termes de croissance économique, d’emplois et de nutrition, » a souligné Henrique Banze, Secrétaire général adjoint ACP, dans son discours inaugural lors de l’événement. Toutefois, pour que les systèmes agroalimentaires contribuent au développement durable des pays ACP et parviennent ainsi à éradiquer la pauvreté, la malnutrition et le chômage, ils doivent être radicalement transformés. « Lorsqu’on examine les pays qui sont parvenus à transformer leur secteur agricole, on constate que l’agro-industrie et le secteur agroalimentaire sont réellement des pistes pour une croissance inclusive, » a-t-il ajouté.

La transformation de ce secteur nécessite de renforcer le soutien au développement de l’agro-industrie et du secteur privé des ACP. Le groupe ACP explore d’ores et déjà des stratégies pour améliorer les produits de la pêche et de l’agriculture, capables d’affronter la concurrence sur les marchés locaux, régionaux et internationaux.

« L’agriculture est une source d’emplois pour la majorité des habitants des pays ACP. Elle joue à ce titre un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté et le développement durable. Face à l’arrivée, année après année, d’un grand nombre de jeunes sur le marché de l’emploi — des hommes et des femmes qui ont du mal à trouver du travail —, il convient de consentir davantage d’efforts pour améliorer l’attrait de l’agriculture pour les jeunes, et les possibilités de rémunération, » a souligné Michael Hailu. Ce dernier a également affirmé que « cette transformation exige un changement de mentalité de la part des responsables politiques et des agriculteurs, ainsi que d’importants investissements de la part des secteurs public et privé. »

Janet Sape, directrice exécutive de PNG Women in Business, représentante du secteur privé approuve ce point de vue. Elle a expliqué devant le panel que « les problèmes d’accès aux marchés comptaient parmi les défis majeurs pour les femmes en Papouasie-Nouvelle-Guinée, » et qu’il fallait y remédier en proposant des services financiers innovants adaptés aux besoins des producteurs. C’est ce qui l’a d’ailleurs amenée à créer la PNG Women in Business Micro-Bank, un exemple concret d’intervention locale efficace capable de renforcer le pouvoir des producteurs et des entreprises agroalimentaires de la région.


Le panel de haut-niveau sur l’agriculture et la sécurité alimentaire a été organisé conjointement par le Secrétariat ACP et le CTA, à l’occasion du 8e Sommet ACP des chefs d’État et de gouvernement, à Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le panel se composait de Netumbo Nandi-Ndaitwah, Vice-Premier ministre de Namibie ; Mukhisa Kituyi, secrétaire général de la CNUCED ; Janet Sape, directrice exécutive de Papua New Guinea Women in Business ; Peter Seligmann, PDG de Conservation International ; et Pa'olelei Luteru, ambassadeur des Samoa auprès de la Belgique et de l’Union européenne. Ont également participé à l’événement des ministres et des hauts représentants gouvernementaux des pays ACP, des responsables politiques et des représentants d’organisations internationales.