Des semences améliorées contre le changement climatique
©IFAD/Sanjit Das/Panos

AGRICULTURE CLIMATO-INTELLIGENTE

Des semences améliorées contre le changement climatique

La production de maïs et d’arachide – deux cultures essentielles à la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest – pourrait augmenter considérablement si les agriculteurs bénéficiaient d’un meilleur accès aux semences améliorées, associé à de bonnes pratiques agricoles. Les variétés développées par les instituts de recherche offrent des rendements plus élevés et sont plus résistantes aux défis liés au changement climatique, comme la sécheresse. Deux foires aux semences, organisées à Kayes et à Sikasso, au Mali, du 20 au 25 juin, ont permis de mieux faire connaître les semences susceptibles d’aider les agriculteurs à s’adapter au changement climatique. Elles ont également offert aux principaux acteurs de la chaîne de valeur en Afrique de l’Ouest l’occasion d’échanger des informations et des avis sur les systèmes semenciers.

Ces deux foires, organisées par le CTA et l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT), ont réuni des petits exploitants, des chercheurs, des agents de vulgarisation, des négociants en produits agricoles et des responsables de district en vue de nouer des liens et de partager des informations sur les semences améliorées, qui peuvent contribuer à lutter contre le changement climatique.

L’ICRISAT a développé des variétés d’arachide à maturation précoce et résistantes à la sécheresse pour remédier aux contraintes qui pèsent actuellement lourdement sur les récoltes. D’autres organismes de recherche ont développé des variétés de maïs dans le même objectif. Le maïs est l’un des principaux aliments de base en Afrique de l’Ouest. Quant à l’arachide, elle est riche en protéines, en lipides et en micronutriments, comme le fer et le zinc, et est donc essentielle à la santé des communautés rurales. Elle fixe par ailleurs l’azote et améliore ainsi la fertilité des sols.

Or le changement climatique affecte terriblement les rendements de ces deux cultures dans la région. Selon les estimations, la production de maïs aurait récemment diminué de 15 % à cause de la sécheresse ; un chiffre qui atteint les 38 % pour l’arachide. Les récentes sécheresses ont entraîné des pénuries de semences qui sont utilisées pour se nourrir.

« L’une des solutions pour aider les petits exploitants à s’adapter aux aléas climatiques consiste à améliorer leur accès à de nouveaux germoplasmes améliorés, résistants à la sécheresse, pour les principales cultures – c’est-à-dire les variétés de maïs et d’arachide », indique Olu Ajayi, Coordinateur de programme sénior pour les politiques relatives au développement agricole et rural au CTA. « Les foires aux semences visent à renforcer et encourager les liens et l’échange d’informations entre agriculteurs, agents du changement en matière de développement rural, chercheurs, entreprises semencières du secteur privé et négociants en produits agricoles, à propos des semences résistantes à la sécheresse qui peuvent aider les petits exploitants à mieux s’adapter au changement climatique. »

Malgré l’existence de semences améliorées, de nombreux agriculteurs n’y ont pas accès en raison d’un manque d’information, de leur prix élevé et de l’inefficacité du système de production et de distribution. Ces défis concernent aussi bien le secteur public que le secteur privé. Des connaissances insuffisantes, dues à des services de vulgarisation inadéquats, ainsi que des réseaux de négociants en intrants agricoles peu développés empêchent les communautés des régions reculées d’avoir accès aux semences certifiées des précieuses variétés améliorées qui pourraient les aider à accroître leurs récoltes.

Vu leur faible rentabilité, les entreprises semencières ont peu d’intérêt à garantir des quantités suffisantes de semences améliorées aux agriculteurs lorsque ceux-ci en ont besoin. Et pour les producteurs qui parviennent à se procurer des semences de maïs et d’arachide résistantes à la sécheresse, les mauvaises récoltes sont un problème courant, en raison de l’ensemencement tardif dû aux retards d’approvisionnement en semences. Les variétés à maturation précoce qui pourraient pallier ces difficultés ne sont pas suffisamment distribuées, en raison de connaissances inadéquates et du manque de liens entre les acteurs de la chaîne de valeur des semences.

Les foires aux semences, organisées consécutivement dans deux zones rurales où le maïs et l’arachide sont largement cultivés, ont été l’occasion de faire connaître des sources et variétés de semences améliorées, tout en favorisant l’échange de connaissances sur les systèmes de production des semences entre chercheurs, agriculteurs et spécialistes. A cette occasion, de nombreux experts ont plaidé en faveur d’une augmentation de la production et de la distribution de semences de maïs et d’arachide de haute qualité. Enfin des lots de graines ont été distribués aux agriculteurs pour leur faire découvrir les avantages de ces semences améliorées et leur permettre de juger des résultats par eux-mêmes.