Une synergie puissante entre l’agriculture et la gastronomie
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Une synergie puissante entre l’agriculture et la gastronomie

La Semaine caribéenne de l’agriculture 2016 a vu le lancement, dans les Caraïbes, d’une plateforme qui encourage le renforcement des liens entre les chefs et les petits producteurs. Chefs pour le développement entend stimuler la demande des ménages et du secteur de l’hôtellerie en produits agricoles locaux afin d’améliorer la santé publique et de réduire le coût des importations alimentaires, particulièrement élevé pour les nations insulaires.

Jusqu’à 80 % des aliments consommés dans les Caraïbes sont importés ; la région affiche ainsi l’un des taux de maladies non transmissibles et d’obésité les plus élevés au monde. Par ailleurs, huit des dix pays enregistrant les taux les plus élevés d’obésité sont des États insulaires du Pacifique.

Chefs pour le Développement (Chefs4Dev) est une communauté en ligne qui fait des chefs des ambassadeurs de la cuisine locale et les encourage à coopérer avec des petits producteurs (agriculteurs ou éleveurs) et des entreprises agroalimentaires qui sont en mesure de fournir des produits de qualité. L’objectif est d’améliorer les revenus des petits producteurs et d’inciter les ménages, les hôtels et les restaurants à consommer et proposer des produits alimentaires locaux et plus sains dans ces régions qui souffrent de la flambée du prix des importations alimentaires et qui sont confrontées à des taux élevés de maladies liées à l’alimentation. Alors que le tourisme est une source essentielle de revenus pour les États insulaires de ces trois régions, la plupart des touristes, mais aussi les consommateurs domestiques, se voient servir des aliments importés d’autres pays et issus d’autres cultures. Des aliments qui sont le plus souvent riches en calories, en glucides et en sel.

« Chefs pour le Développement est une magnifique initiative qui rapproche les chefs des producteurs alimentaires locaux, » explique Stéphane Gambier, coordinateur de programme senior communication au CTA. « Elle a pour but de mettre en valeur les fruits, légumes et produits d’élevage du pays et de la région, meilleurs pour la santé que ceux importés à un coût élevé. Et surtout, l’initiative entend améliorer les revenus des petits producteurs et autres acteurs du secteur agroalimentaire. »

« Les chefs sont pour nous les défenseurs de la sécurité alimentaire, » explique Ena Harvey, représentante de la Barbade à l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture (IICA), qui est étroitement associé à cette initiative. « Le tourisme culinaire est non seulement un plaisir pour nos visiteurs mais surtout, il offre une réelle chance aux femmes, aux agriculteurs et aux communautés rurales en leur permettant d’acquérir des moyens d’existence durables et de participer directement et concrètement aux revenus du tourisme. »

Dans ses trois restaurants de l’île de Sainte-Lucie, le chef caribéen Robert Skeete se fait un point d’honneur à servir des plats à base d’ingrédients locaux. « Je cuisine exclusivement avec des produits des Caraïbes et j’utilise donc du taro, des ignames et des fruits de l’arbre à pain plutôt que des pommes de terre, et aussi de nombreux aliments dont les touristes n’ont jamais entendu parler, » explique Skeete, présentateur de deux émissions culinaires à la télévision et membre de la plateforme Chefs4Dev. « Je vais tous les jours au marché. J’aime bien savoir que l’argent que je gagne va dans le portefeuille des agriculteurs locaux. C’est là ma modeste contribution à l’allègement de la facture des importations alimentaires.»

Avec le soutien du CTA, l’Organisation du tourisme du Pacifique-Sud (SPTO) apprend à des chefs samoans à utiliser des ingrédients locaux, et rapproche ainsi les hôtels et les producteurs locaux. La SPTO et quatre jeunes chefs du Pacifique rencontrent des chefs caribéens et des membres de l’Organisation du tourisme de la Caraïbe (CTO) pour échanger bonnes pratiques et connaissances. Le CTA et ses partenaires travaillent avec des sommités de la gastronomie, comme Robert Oliver dans le Pacifique et Peter Edey dans les Caraïbes afin de faire de ces régions des destinations de tourisme culinaire.

« Jusqu’ici, la plupart des aliments proposés dans les hôtels et les restaurants du Pacifique étaient importés, » explique Deepika Singh, de la SPTO. « Nous voulions changer cet état d’esprit et amener les chefs à intégrer des produits locaux dans leur cuisine. L’idée est d’essayer de faire le lien entre l’agriculture locale et le tourisme et de limiter ainsi la fuite de devises étrangères. »


La plateforme Chefs pour le Développement est coordonnée par le CTA et l’IICA, en partenariat avec de nombreux partenaires publics et privés comme l’Organisation du secteur privé des États insulaires du Pacifique (PIPSO), la SPTO, la CTO, Women in Business Development Inc., des organisations d’agriculteurs, des entreprises agroalimentaires et des chefs. Pour en savoir plus, veuillez consulter (en anglais) : www.chefs4dev.org