Dynamiser le commerce régional des céréales
©IFAD/Aubrey Wade

Développer les chaînes de valeur

Dynamiser le commerce régional des céréales

Le commerce des céréales, comme le maïs, le millet, le sorgho et le riz, se situe bien en dessous de son potentiel de croissance en Afrique de l’ouest, malgré les opportunités offertes par la production locale et la forte demande des populations urbaines toujours plus nombreuses. Une conférence intitulée Comment structurer le commerce des céréales en Afrique de l’ouest : quels instruments de marché et quelles mesures de politique publique? a donc examiné quelques-uns des obstacles actuels à l’augmentation du commerce régional dans le secteur des céréales, ainsi que les moyens de le dynamiser. L’événement s’est tenu à Ouagadougou (Burkina Faso), du 29 novembre au 1er décembre 2016.

Dans une région où la population double quasiment tous les vingt ans, les cultures céréalières représentent un cinquième des surfaces cultivées et fournissent du travail à temps partiel à environ 80 % de la population d'Afrique occidentale. Cependant, bien que la production soit passée de 16 millions de tonnes en 1980 à 63 millions de tonnes en 2015, moins d'1,5 million de tonnes de cultures céréalières locales est vendu dans le cadre du commerce transfrontalier de cette région, un volume extrêmement faible comparé à celui des importations de blé, de farine de froment et de riz.

La modernisation du marché céréalier d'Afrique de l'ouest est fondamentale si l'on veut garantir de plus hauts revenus aux petits exploitants agricoles, une meilleure sécurité alimentaire et l'approvisionnement nécessaire à l'alimentation du bétail et du poison d'élevage. Et pourtant, toute une série d'obstacles empêchent les producteurs locaux de vendre à des prix compétitifs. En raison des coûts de transaction élevés et d'une logistique inefficace, certains transformateurs agroalimentaires, comme les brasseries et les fabricants d'aliments pour animaux, préfèrent importer le sorgho et le millet de zones extérieures à la région, plutôt que de s'approvisionner localement.

Réunissant les principaux acteurs du commerce céréalier de la région, y compris les coopératives, les transformateurs, les négociants, les décideurs politiques, les organisations de développement et les bailleurs de fonds, ce forum régional de trois jours s’est donné pour objectif de développer une stratégie à même de relever les défis actuels et de tirer parti du marché commun formé par l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

L’un des principaux points à l'ordre du jour fut le développement d'instruments de marché capable de contribuer à l'organisation, à la régulation et au financement du commerce régional des céréales, en permettant aux producteurs d'obtenir des prix plus élevés, aux acheteurs de disposer d'un approvisionnement plus fiable en céréales de haute qualité, et à d'autres acteurs de la chaine d'approvisionnement d'en tirer des bénéfices.

"La caroube et les céréales comme le riz, le maïs, le sorgho et le millet revêtent une importance stratégique pour la sécurité alimentaire et l'économie rurale en Afrique de l'ouest," précise Souleymane Zeba, coordinateur pour l'Afrique de l'ouest au CTA. "Cependant, le marché actuel n'offre pas aux agriculteurs la garantie qu'ils vendront leurs produits à un bon prix."

"Pour les paysans et les producteurs agricoles, les céréales constituent l'offre de base et contribuent à assurer le droit à l'alimentation des populations de la région," explique Djibo Bagna, Président du ROPPA. "Cependant, la structure actuelle du marché profite plus à quelques cultures de rentes et induit des systèmes alimentaires qui favorisent de moins en moins la consommation de céréales locales. Il convient donc de réformer les marchés pour établir un équilibre en faveur d'une sécurité alimentaire durable."

La conférence a donc examiné les possibilités de création d'un environnement politique régional permettant d'encourager une participation accrue du secteur privé dans le commerce de céréales et d'améliorer la capacité des institutions d'appui au commerce, de manière à promouvoir des marchés céréaliers régionaux efficaces et stables. Au programme des discussions : un meilleur usage des technologies de l'information et de la communication (TIC), l'adoption de nouveaux outils d'assurance et de financement, les perspectives de développement de chaînes de valeur transfrontalières, l'adaptation au changement climatique et les stratégies de lutte contre l'aflatoxine, qui cause de graves problèmes, tant à la santé publique qu'au commerce.


La conférence « Comment structurer le commerce des céréales en Afrique de l’ouest : quels instruments de marché et quelles mesures de politique publique? » a été organisée par le CTA conjointement avec le Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l'Afrique de l'ouest (ROPPA), le Réseau ouest-africain des céréaliers (ROAC) et l'Association africaine du crédit rural et agricole (AFRACA).